Yoga, vitalité et cycle hormonal. Vu par Chloë.
La pratique du Yoga m’amène souplesse, force, équilibre, vitalité et santé. Cependant cette accumulation et la libre-circulation du Prana dans le corps est soumis à mon cycle hormonal. J’envisage vitalité et cycle hormonal comme un entraînement du sportif !
Pour moi, dans ma vie, la vitalité suit deux mouvements : l’un va de l’extérieur vers l’intérieur et l’autre de l’intérieur vers l’extérieur. J’ai parfois besoin d’un repli sur moi pour y puiser détente, force et douceur pour m’extérioriser et parfois je suis simplement traversée par cette énergie de vie qui me nourrit.
Ce double mouvement est soumis à mon cycle hormonal. Il y a des variations constantes. Cela vient du fait que j’ai souffert d’endométriose une bonne partie de mon cycle jusqu’à aujourd’hui. Je suis guérit depuis plusieurs années grâce à l’Ayurveda mais j’ai toujours de l’inconfort durant les deux premiers jours de mes règles. Je compose alors ma petite routine…
La phase des règles
Pendant la période des règles, diminuer les exercices physiques y compris la marche, la danse ou le faire le ménage intensément !
Les douleurs présentes au niveau du bas-ventre, du dos, la baisse d’énergie, la sensation de se drainer, mettent un coup de frein à mon élan vital. Je ressens le besoin d’un repli sur moi, d’une décélération du temps.
Tous les 28 jours le nettoyage du sang avec les menstrues régénère et vitalise mon sang. C’est un temps que je vis avec conscience : durant quelques jours je vis à mon rythme, j’écoute mes besoins au plus près. J’ai énormément besoin de détente pour me ressourcer.
Fini les postures qui demandent force, endurance, le moindre mouvement peut parfois être pénible. Réduire les sources de stress physique et émotionnel, calmer le mental, car l’inflammation interne peut perturber le système nerveux (Majja vaha shrotas).
Je travaille avec une intention d’élimination en rythme Langhana c’est-à-dire lent. Ma pratique de yoga s’adapte alors à ce temps d’intériorisation.
Les asanas seront prises avec lenteur, calme et confort. Je pratique en décharge, à cet effet j’utilise beaucoup de supports (coussin, booster, sangle) pour laisser le corps se placer dans la détente sans tensions, ni contraintes. Je prends le temps de m’ajuster et je reste un minimum de 5 minutes dans les postures. Je respire profondément, calmement, en y associant une sensation de détente et d’ouverture intérieure, et de relâchement des tissus qui sont souvent inflammés au niveau du petit bassin.
Je ne pratique pas de posture d’inversion qui inverse le flux des menstrues voir l’arrête. Selon l’Ayurveda, ce qui doit être éliminé ne doit pas être retenu ni gardé à l’intérieur. Sinon les toxines s’accumulent et la santé se détériore pouvant provoquer au niveau du système reproducteur des fibromes, des kystes, de l’endométriose ou un cancer.
J’apporte une attention particulière aux postures qui travaillent autour du bassin, du bas du dos pour activer Apana vayu, le souffle descendant. Cela favorise l’écoulement des règles et une meilleure élimination aussi lorsque le transit est perturbé. Les postures d’ouverture ou d’extension douces agissent sur Prana vayu pour apaiser les émotions. Lorsque le corps le permet des torsions douces (Marichyasana, par exemple) qui ne compriment pas l’abdomen permettent de décongestionner, détendre toute la zone du bas-ventre et du dos en souffrance et activent Samana vayu, le souffle de digestion. Des torsions intenses (Ardha matsyendrasana, par exemple) exercent une pression inutile sur les ovaires, l’utérus et le vagin et augmentent le flux sanguin.
Les postures d’ouverture, de fermeture, de torsion douce, vont activer la circulation lymphatique et sanguine. Le ventre souvent congestionné retrouve de sa mobilité, les fonctions digestives se restaurent, le bas du dos se détend et la circulation des fluides dans les jambes et le bas du corps s’améliore.
Plus le temps de tenue de la posture s’allonge et plus je travaille au niveau des couches profondes du corps : la peau qui s’étire, puis les couches des fascias, des muscles, des organes, des fluides dans le corps, puis au bout de 10 minutes l’activation des glandes hormonales s’intensifie. En fonction de la posture ou du point de concentration j’amène mon attention sur les principales glandes qui activent le système hormonale féminin : thyroïde, ovaires, capsules surrénales, hypophyse (le chef d’orchestre du système hormonal).
Au fur et à mesure du temps, des respirations et de la détente, le corps et le mental traversent des couches de tensions qui se dissolvent. L’immobilité est un allié dans ce relâchement. Si je gigote le mental revient à la charge pour me dire combien je suis inconfortable et le corps se rigidifie, se referme. C’est une négociation intérieure fine.
J’utilise parfois la répétition de bija mantra associée au chakra travaillé (LAM, VAM, RAM, YAM). Je pratique la circulation d’énergie en visualisant une lumière dorée que je déplace avec la respiration ujjai dans les différentes parties du corps afin de fluidifier les zones de cristallisation et de blocage. Ujjai ralentit les battements du cœur donc apaise et calme le système nerveux et a en plus une action sur la thyroïde.
L’intention globale est de ramener un maximum de détente, de respiration et de fluidité dans la physiologie, les organes, les tissus.
Les pranayamas utilisés seront calmant, apaisant et équilibrant, surtout pas de sur-stimulation, le balais hormonal étant suffisamment stimulant par lui-même. Le pranayama en posture assise, du fait des douleurs et de la stagnation du sang au niveau pelvien, est à éviter sinon ne pas dépasser 15 minutes. Éviter les suspensions de souffle à plein et à vide afin de ne pas sur-stimuler le système nerveux — mais si on a l’habitude et que l’on se sent bien pourquoi pas—, Uddiyana et Mula Bandhas, Bhastrika, Kapalabhati et Maha Mudra.
Pour commencer les techniques respiratoires équilibrantes je fais Pradadira pranayama au moins 5 minutes, ce qui égalise le souffle dans mes deux narines puis j’enchaîne sur Nadi Shodhana pour continuer d’équilibrer les deux hémisphères du cerveau et les énergies d’action (Pingala nadi) et les énergies mentales (Ida nadi). Soit juste inspire / expire sans compter quand mon énergie est basse, soit j’introduis un rythme quand je me sens bien, 1-4-2, qui m’apaise.
J’aime pratiquer Samavritti pranayama, la respiration carrée, en débutant par un rythme de 5-5-5-5 pour augmenter progressivement les rythmes si je suis à l’aise.
Hasta mudra pranayama me convient bien également afin de stimuler et d’harmoniser les cinq vayus.
Les visualisations-concentrations avec visualisation du prana sous forme de lumière scintillante que je vais déplacer dans mon corps suivant des trajets précis et ce que je souhaite travailler : glandes endocrines (ovaires, thyroïde), chakras (muladhara, svadhistana, anahata). Le travail sur le troisième œil, Ajna chakra, a un effet régulateur sur tout le système hormonal mais également a une action équilibrante pour accéder à l’état de Yoga et de la méditation spontanée.
Je pratique aussi Yoga nidra pour détendre et harmoniser les différents corps : physique, émotionnel, mental, énergétique.
J’utilise aussi la technique de cumul de l’énergie de Prana vidya où j’inspire en Ujjai de Muladhara à Ajna puis j’envoie le souffle dans la zone douloureuse : le ventre et les ovaires. Cet apport de Prana m’amène un certain réconfort.
Parfois je ne pratique pas de visualisation je reste juste allongée en Shavasana, en détente, je prends 5-10 minutes pour savourer l’état de relaxation et sentir les vibrations et autres manifestations qui parcourent mon corps.
Les petits plus
Pour m’amener plus de confort, je masse mon ventre avec de l’huile de sésame tiède puis j’applique une bouillotte ce qui a pour action de dilater des canaux du corps (les shrotas) lié au système reproducteur (shukra vaha shrotas).
Durant la journée :
- je bois des décoctions de fenouil ou d’anis étoilée pour réduire l’inflammation. J’évite café, alcool,
- je répète le mantra « Om shanti » (shanti c’est la paix) ou bien le bija mantra de Ajna chakra « Ksham », ou le mantra de la Lune « Om soom sommaire namaha »,
- je diffuse des huiles essentielles qui amènent de la stabilité et du bien-être, au choix et à l’envie : Géranium, Jasmin, Ylang-ylang, Santal, Lavande, Menthe poivrée, Vétiver. On peut être plus précis en choisissant des huiles plus en affinités avec son dosha.
Au coucher :
- je fais chiropichu : j’imbibe un coton d’huile de sésame tiède que je place sur la fontanelle pour apaiser le système nerveux.
Toutes ces techniques me permettent de me régénérer et de laisser la libre circulation des fluides physiologiques et du Prana s’opérer sans perturbations durant cette phase de mon cycle. Puis s’amorce une nouvelle phase…
La phase folliculaire
Elle suit immédiatement les règles. A ce moment là je refait surface ! Mon énergie reprend rapidement le dessus, je me sens pleine de vitalité et prête à gravir des montagnes. Le taux de testostérone est élevé : le dynamisme et la motivation sont élevés, il y a une plus grande résistance à la douleur, et je le ressens dans toutes les fibres de mon être.
A ce moment là, je recommence progressivement à courir et avoir une pratique de yoga sans complexe : postures d’étirement, d’équilibre, de renforcement, travail cardio avec les salutations, tout y passe !! Je me fais plaisir, je fais le plein d’énergie, je me recharge. Je passe de l’intériorité qui me nourrit à l’extériorisation où le dehors me nourrit en profondeur et mon bhavana est la tonification (Brimhana). J’utilise tous les outils yoguiques à ma disposition.
Je recommence le Yoga des hormones qui active spécifiquement les glandes du système hormonal féminin à l’aide de postures dynamiques, de respirations intense en Bastrika et de circulations d’énergie vers les glandes endocrines travaillées. Je recharge mon corps énergétique pour rééquilibrer la physiologie des hormones.
Pour ce qui est de ma routine yoguique quotidienne :
- Je recommence les salutations au soleil, les pawan muktasana pour échauffer le corps, activer la respiration et le prana. En fonction des séries de pawan je travaille sur les articulations, le digestif ou la circulation du prana.
- Je re-pratique toutes les asanas : flexion, extension, rotations, équilibre, inversion… Dès que la période des règles est terminée, je recommence à pratiquer des inversions qui sont de grandes guérisseuses du système reproductif. Elles apportent rapidement un équilibre.
- Je fais du pranayama : Kapalabatti ou Bastrika, Padadira pranayam, Nadi sodhana, Surya bedha, Hasta mudra Pranayama, Brahmari pranayama, Murccha pranayama, des respirations complètes, Ujjai… le tout avec des rythmes et des temps évolutifs, j’ai le choix des armes !
- Le tout saupoudré de bandhas pour verrouiller le prana afin qu’il circule dans tous les tissus du corps physique et les nadis du corps énergétiques entre autre : mulabandha, jalandhara bandha, uddiyana bandha soit Maha bandha.
- J’utilise des kriya de nettoyage : Agnisar kryia, Nauli.
- Des kriyas de la kundalini : Sahara Pranayama, Nada sanshalana, Maha bandha, Prana Pranayama, etc.
- Des mudras : des mains (Gyana mudra, Chin mudra), des yeux (Shambhavi, Nasikagra), de la langue (Khechari mudra), du plancher pelvien (Ashwini mudra, Mula bandha, Vajroli mudra), sous forme d’asana (Vipakarani mudra, Prana mudra, Maha mudra, Maha bedha mudra).
Puis les corps physiques et énergétiques étant chargés de Prana, j’utilise la pléiade de visualisation, concentration (Antar Mouna, Siddakash dharana, Hridayakash dharana, Tattvas shudhi, Swara yoga, Ajapa Japa, …) à ma disposition pour continuer à nettoyer, renforcer et équilibrer le flux de l’air, le flux d’énergie, les deux hémisphères et les énergies Ida et Pingala pour activer la Sushumna… bref, sortir de la dualité !
Ou bien, je pratique Prana vidya, technique pour faire circuler en conscience le Prana et qui a un pouvoir d’auto-guérison et de transformation intérieure. Le Yoga nidra…
Avec ces techniques je deviens fluide et sans limite, les contours du corps disparaissent et laissent place à l’infini. Quel saveur !!
Les deux phases suivantes de mon cycle sont présentes physiquement mais ne sont pas un frein à ma pratique.
La phase d’ovulation et lutéale
Durant la période d’ovulation, l’augmentation du taux d’œstrogènes fait que j’ai parfois une sensation de douleur dans les ovaires et une légère baisse d’énergie. Il y a également une augmentation de la souplesse ligamentaire, ce qui peut accroître le risque de blessure si je fais un travail de force, ou des assouplissements trop intenses. Yoga, voie du juste équilibre !
Je ne sens pas physiquement la phase lutéale où le taux de progestérone augmente pendant que celui des œstrogènes diminue et qui s’accompagne :
- d’une augmentation de la température corporelle, d’une modification de la sensibilité à l’insuline.
- les glucides sont moins utilisés par l’organisme à l’inverse des lipides. Il est intéressant de privilégier les activités aérobies (salutations au soleil, natation, vélo, course à pied, cardio-training),
- d’une baisse du taux de sérotonine influençant l’humeur et la motivation et pouvant altérer le sommeil.
Pour ma part, mon sommeil est toujours de plomb mais durant ma pratique en journée je ressens l’envie et la vitalité pour faire des séance plus dynamiques et toniques.
J’ai remarqué que lorsque je reçois un massage Abhyangha quelques jours avant mes règles, je vivais beaucoup mieux dans mon corps les « fameux premiers jours ». Les fascias sont détendus, la peau et les tissus sont nourrit par l’huile de sésame et je me sens détendu intérieurement. C’est très confortable.
Conclusion
Toutes ces techniques à ma disposition que ce soit le Yoga (asana, pranayama, concentration, Prana vidya), la méditation, l’Ayurvéda avec les massages, une alimentation qui convient à ma constitution, un rythme qui me convienne, me permettent d’être en pleine possession de ma vitalité.
Je deviens le réceptacle du Prana qui m’environne et grâce aux pratiques mon corps, avec un minimum de tension, lui permet une circulation sans entrave. Je suis plus détendue intérieurement.
Mon esprit est plus clair et je suis connectée à l’intuition à travers mes rêves, les prises de conscience qui m’enseigne, j’ai moins peur et j’ose plus affirmer qui je suis. La vie est plus simple, fluide et joyeuse.
Sources : https://www.valdemarne.fr/newsletters/sport-sante-et-preparation-physique/influence-du-cycle-menstruel-sur-la-pratique-des-activites-physiques-et-sportives